Genèse de Nya Soleil Je suis né à New Bell Douala de parents danseurs de talent. Mon père, Albert Nya, engagé a l’âge de 14 ans dans l’armée française pendant la deuxième guerre mondiale, rentre au Cameroun après avoir participé à la libération de Paris et s’installe à Douala, ville portuaire coloniale sous tutelle française. D’une élégance innée et doté d’une personnalité chaleureuse et cosmopolite, mon père rencontre Pauline Njami, fille de pasteur et planteur, assez jolie. Tous deux sont dotés d’une passion et d’un don pour la danse. Ensembles, ils ravissent des prix et sont adorés du public. C’était l’époque du tango, tous les nouveaux disques arrivant par bateau au port de Bonabéri : de Tino Rossi, Nat King Cole, Louis Armstrong à la Valse, au Tango, au Jazz, au Swing, à la Rumba, au Tchatchatcha, à la Makossa, au High Life... Ils sont conviés à se produire en festivités des anciens combattants pour la visite officielle du général De Gaulle. Le roi Douala Manga Bell leur voue une grande amitié. Cette notoriété leur donne le privilège de mener la vie mondaine de ressortissants français dans un cadre privilégié. Cela rajoute de la carrure à la personnalité rayonnante de générosité d’Albert Nya et il est considéré comme l’un des bâtisseurs culturels de la ville de New Bell Douala. Les habitants sollicitent son appui rassurant pour diverses démarches et l’obtention de permis administratifs, mon père se substituant souvent au maire son ami et compagnon de bataille.
Mes parents sont bercés dans un univers de passion positive de la vie et l’omniprésence de la musique. Musiques branchées et phonos rythmaient les nuits du bar que tenait ma mère. En escale, les marins venaient s’y abreuver. C’est ainsi que mes parents prennent le temps de mener une vie de couple pendant 8 ans avant la naissance de leur premier fils, Nya Soleil le jeudi 24 juillet 1958 à 22 heures. La maison natale familiale était située dans le quartier New-Bell à Douala. Ma chambre natale, côté sud, faisait mur commun à l’écran de projection du cinéma ABC, première salle de cinéma du Cameroun. Les ambiances sonores et musicales des films me berçaient et entretenaient mes rêves. Un an après
ma naissance, mon père est affecté à Yaoundé,
capitale politique du Cameroun. La famille s’y installe au quartier
de Madagascar. Et on prénomme mon père monsieur le Maire
de Madagascar car il est sans cesse sollicité à rendre des
services. Une éducation de respect et de solidarité habite
l’esprit du quartier et les frontières n’existent point
entre voisinages. Enfant fasciné par une guitare
Ce fut une enfance épanouie et créative. La diversité ethnique des voisinages est enrichissante sur le plan linguistique, tonal, musical, et aussi sur le plan humain, culturel et social : Bamilékés, Ewondos, Douala Betis, Bassas, Bafias, Foulbés, Waoussas, fusionnés par la musique. La musique de la côte littorale de Douala est bien appréciée grâce au chant choral des églises chrétiennes en langue Douala. Du meringué aux intonations Bikutsi chanté en Ewondo animaient les mariages Béti. Guitaristes, bassistes et percussionnistes jouaient sur un camion au son amplifié parcourant la ville. Les mariés tenant fil au camion, menaient une marche dansante cédant au défilé carnaval des passants qui s’y conviaient à la fête. A l’âge de 6 ans, le petit Nya et son compagnon de classe Brice Wassy jouent les syncopes et rythmiques de James Brown sur les bancs de classe. Cette musique nous procure une culture musicale ouverte et diversifiée. La radio nationale, par la qualité de ses programmes, nous permet aussi d’être à la page de toutes les musiques et des nouvelles tendances de l'époque : musique classique, jazz, bossa nova, funk, latino, pop music anglaise ainsi que la musique des artistes du continent tels Pierre TSHANA, Anne-Marie NZIE, Myriam MAKEBA, Pierre Aimé KAMDEM, EBOA LOTIN et Martin MESSI. Toutes ces variantes ont marqué mon univers musical dans le discernement et l’ouverture par la diversité. L’existence d’une solidarité entre amis nous permettait d’échanger nos acquis théoriques et techniques instrumentales. Nous nous prêtions des bouquins de tablatures d’accords et échangions des notions de lecture et d’écriture musicale provenant des bibliothèques des centres culturels français, américains et allemands, le tout venant compléter mes acquis d’autodidacte. Nya Solo
Agé
de 14 ans au lycée Leclerc de Yaoundé, avec des amis dont
Justin BOWEN, ami d'enfance qui incarnait Jimmy SMITH avec ses phrasés
blues-jazzy je forme un premier groupe "The Soul Temptation"
et nous nous produisons en concerts de fête de fin d’année
au lycée. Plus tard, au collège Djilo à Mbalmayo,
le fondateur, François DJILO, encourage la musique et achète
des instruments neufs d’Europe pour le groupe qui va se renforcer
avec d’autres musiciens talentueux : Ethkins, Kouangou, Jules Kamga,
Tom Dollar, Brice Wassy. A l’âge de 18 ans, après mon probatoire, je suis recruté en qualité de guitariste dans l’orchestre dirigé par Francis Kingué à l’hôtel international le Mont-Fébé Palace,club fréquenté par les aficionados de jazz, funk, salsa, bossa, passo doble et variétés internationales. Périple & Recherche Musicale en Afrique de l’Ouest Ayant atteint l’age majeur, je me fixe des objectifs et par goût de recherche musicale et pour découvrir les fondements et les origines de différentes musiques, entame un périple qui me conduit à parcourir l’Afrique de l’Ouest avec pour seul bagage ma guitare. Aventure qui m'emmène à l’expérimentation de l'Afrobeat avec Fela Anikulapo Kuti à Lagos au Nigeria, le High Life, dérivé du Makossa, avec des musiciens à Accra au Ghana, le juju music de King Sonny ADE au Nigeria et la liaison de la salsa cubaine et la salsa africaine avec Ignace de Souza au Zénith, à Cotonou au Bénin. Habitant avec les musiciens du groupe "Africa All Stars" dans l'un des rares immeubles modernes en étages de cotonou, je participe aux enregistrements du studio AFRIZA, l'un des rares studios d'Afrique centrale d’où sortiront les plus grands tubes de la musique urbaine africaine de Pierre TSHANA, Manu DIBANGO, Bebey MANGA etc…. Ensuite, en Cote d’Ivoire, je joue dans différents clubs d’Abidjan avec des musiciens de diverses ethnies. Arrivée à Paris et premier album Ce parcours de rencontres enrichissantes alimente mon expérience musicale, et va m’amener en France. J’atterris à Paris où je rencontre Monique ROL, ancienne employée des éditions Barclay, qui, sensible à mon histoire et ma passion, accepte de me produire. Mon premier album 33 tours, "Il y a un soleil quelque part", sort en 1986, réunissant mes souvenirs de voyage que je mets comme des fruits dans une corbeille. Ce premier album est apprécié par l’écriture et ses arrangements entre ethnicité, modernité et originalité. Tournées En 1987 et grâce aux valeurs culturelles et artistiques de mes œuvres, je suis invité à l’UNESCO pour faire partie, avec Manu Dibango et Francis Bebey, des représentants du Cameroun. Suivent des tournées au Cameroun en collaboration avec Marthe Zambo et Pierre Tshana. Puis suivent des tournées en Guadeloupe, en Martinique et à l'Ile de la Réunion. Rentré à Paris, je participe à la réalisation de plusieurs albums de compositeurs du Brésil, des Antilles, de la Jamaïque, de France, d'Afrique où j'assure la guitare studio. Études Mes ambitions pour la musique me donrent la motivation de suivre des études et j'opte pour un cursus artistique à l’Université Paris VIII en musicologie, l’écriture et l’analyse musicales et en l’histoire de l’art. J’obtiens un Deug en musicologie et une Licence en Cinéma. Après mes études universitaires, je joue tous les soirs dans des cafés-concerts à Châtelet les Halles tout en partageant mon temps en stages pratiques de marketing, communication et performance artistique dont notamment l’expression corporelle de l’acteur. Ce fut une période de grande solitude. Je jouais avec beaucoup d'amour pour la musique, à tel point que j'étais souvent aveugle et naïf auprès des filles qui tournaient autour de moi. Peut-être parce que je pensais qu’à ma guitare, et même dans ma chambre de jeune homme, ma guitare prenait une place importante qu’aurait pu occuper quelqu'un. Ce qui m’inspira plus tard la chanson « Guitar on my bed ». Création de l’association « Soleil pour Tous » Je commence à réaliser et à organiser des concerts autour de thématiques et d’événements pour un monde équilibré en réalisant des hommages aux musiciens d’antan et des actions humanitaires en faveur des démunis, des minorités oubliées, des sans-papiers. C’est ainsi que je crée l’association « Soleil pour Tous ».
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